1 mars 2020
Las Bardenas Reales #7
Grâce à notre accompagnateur, nous avons fait la connaissance de Maria Angeles Fernandez dite « La Pinturitas » qui vit et peint à Arguedas.
"La « Pinturitas » n'est pas un peintre ordinaire car elle ne peint que sur un seul et unique support, les murs d'un restaurant désaffecté situé au bord de la route qui traverse le village. Elle utilise des pots de peinture à l'eau que l'on distribue aux enfants des écoles, qu'elle paye 65 centimes d'euro l'unité et se limite le plus souvent aux couleurs primaires.
Sa peinture ne tolère aucun espace vide et se caractérise par un enchevêtrement de maisons aux larges fenêtres, de corps et de visages « grotesques » imbriqués. Les personnages que des inscriptions éparses, souvent stylisées, parfois en formes d'animaux, viennent sensiblement aérer, ont des yeux ciliés, fixes et proéminents, une chevelure souvent formée par des corps d'animaux; taureaux, oiseaux, serpents et où les lèvres, qui découvrent de grandes dents blanches, sont parfois représentées par des poissons.
Vivant de petits boulots pour la mairie et d'une modeste pension sociale, la « Pinturitas » se refuse de peindre sur tout autre support et pour quiconque, considérant que sa peinture doit rester à Arguedas.
Théâtrale et volubile, avec un fort désir de reconnaissance, la « Pinturitas » décrit avec beaucoup de passion sa production à tout passant qui accepte de lui donner du temps. Chaque partie de cette œuvre unique raconte une petite histoire populaire locale, nationale, ou personnelle. Les thèmes évoqués peuvent aller du football où tel nom de joueur est mis en valeur, à la représentation des couleurs de tel ou tel pays en passant par des noms de villes, de personnages divers, ou par des représentations religieuses.
En proie au mépris et aux moqueries d'une partie de la population locale, dûs à son comportement marginal, Maria Angeles dit avoir commencé à peindre en 2000 sur les murs de ce bâtiment pour représenter ceux qui se moquaient et la raillaient. Elle raconte qu'elle a dormi un temps dans le cimetière local et qu'elle a moins peur des morts que des vivants. Marquée dans sa vie personnelle par des épreuves lourdes – les services sociaux lui ont retiré ses enfants (Coup de gueule: Seul le Juge des Enfants a ce pouvoir) quand ils étaient encore jeunes à cause d'une instabilité et d'une précarité familiale - la « Pinturitas » se serait alors réfugiée dans la peinture peut être pour ne pas sombrer.
Aujourd'hui, rien n'arrête cette créatrice infatigable, qui s'applique, hiver comme été à transformer, enrichir, embellir et restaurer avec attention et passion ses peintures que la pluie délave régulièrement. Texte d'Hervé Couton.
Nous avons eu la chance d'avoir une visite guidée et improvisée par l'artiste, personne très attachante:
En bonus:
"LA PINTURITAS" Diva de l'art brut.
A dimanche prochain pour un autre bonus.
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