Royales
Aux portes de Paris, à St Denis, il y a une Basilique:
où, jusqu'au 30 avril prochain, sont exposées Les Grandes Robes Royales de Lamyne M., artiste et styliste originaire du Cameroun installé à St Denis.
Chaque robe a été inspirée par le costume du gisant d'une Reine ou d'une Princesse mais réalisée sous la direction de l'artiste par les élèves du lycée des arts du spectacle et de la création textile La Source de Nogent S/ Marne et des femmes de la maison de quartier Floréal de St Denis avec des tissus actuels comme ceux portés par les Dionysiens.
Hautes de 3 mètres, elles rappellent la majesté des statues-colonne qui accueillaient les visiteurs et rendent hommage à la grandeur des Femmes.
Par ordre chronologique:
Frédégonde (545-597): "La cotte orange est en jersey de coton pour sweat-shirt et laisse apercevoir la cotte de dessous, pourpre; la ceinture traditionnelle est en tricot de laine.Le gilet matelassé échancré vert foncé et la cape en drap de laine gris forment un ensemble caractéristique du vêtement porté au VIème siècle. La superposition de vêtements et le nombre de pièces constituant la robe sont la marque du code vestimentaire de la noblesse. Une bordure d'hermine orne la cape":
Constance de Castille (1136-1160): "Le surcot de bazin rouge brillant est relevé sur la robe en wax et forme un plissé, comme dans certaines images médiévales représentant la reine. Le bazin est un coton damassé fabriqué en Europe. Wax signifie cire en anglais. Ce tissu africain d'adoption est recouvert d'une cire végétale protectrice. Il s'inspire des batiks javanais ramenés au XIXème siècle par les Ghanéens au service des Anglais et des Hollandais":
Isabelle d'Aragon (1247-1271): "La robe est constituée d'un plastron court cousu de cols et de poignets de chemise, et la cotte en coton est réalisée en tissu gris utilisé pour les costumes d'homme. La ceinture est composée de cravates. Cette robe fait référence aux hommes en col blanc qui arrivent sur leur lieu de travail le matin à St Denis, le quartier de la Plaine étant le 2ème centre d'affaires français après la Défense":
Marguerite de Flandre (1309-1382): "La robe est en wax de différentes nuances de vert, le surcot court est traité en plastron tricoté avec du ruban de chutes de wax nouées et enroulées en pelote, la bordure est en Vlisco. Le tissu Vlisco est fabriqué en Hollande depuis 1846, il symbolise l'identité et la fierté africaine. Les motifs et imprimés proviennent de l'héritage de la culture africaine. Il s'agit d'un tissu de très grande qualité, dont on garde précieusement la petite bordure indiquant "véritable wax hollandais" pour la placer sur le devant du vêtement":
Jeanne II de France (1311-1349): "La robe, constituée d'une cotte et d'un surcot, est en mousseline. La ceinture est formée de torsades de tissus perlés et décorés d'anneaux. A partir de la première moitié du XIVème siècle, les pièces de la robe à garnement sont ajustées sur le buste. Le surcot est échancré sur la taille, ces deux échancrures sont appelées "portes de l'enfer", elles laissent apparaître le haut des hanches et la naissance de la poitrine. Jeanne II de France aimait particulièrement les traînes, ses robes s'étendaient au sol démesurément":
Blanche de France (1328-1393): "La cotte est un blouson bleu en sweat-shirt avec capuche. le surcot en jean gris est orné d'un motif décoratif de feuilles de laurier surmonté d'une couronne et d'un ajout réalisé de reliquats de cuir formant le nombre 93, à l'instar des armoiries des femmes qui étaient composées du blason de leur mari et de celui de leur propre famille. Le gorgerin est en dentelle dorée, la cape est en jean bleu agrémenté de poches brodées ou imprimées":
Jeanne de Bourbon (1328-1377): "Son vêtement est composé d'une cotte, la robe du dessous, d'un surcot, la robe du dessus, et d'une cape. Les tissus utilisés pour la confection de ce vêtement ont quatre provenances différentes: du wax hollandais et du bazin allemand pour la cape, du wax thaïlandais pour la cotte et du wax indonésien pour le surcot. Les tissus portent un nom donné par les femmes africaines qui les vendent, lié à la quantité de tissu vendue. Celui de la cape se nomme "l'oeil de ma rivale", le wax à losange fuchsia cerné de jaune est appelée "jalousie":
Jeanne de France (1351-1371): "Le surcot court avec échancrures et la cotte sont en tissu tchadien bleu marine et rouge bourgogne. C'est vers 1350 qu'apparaït le surcot court. Les broderies sont caractéristiques du Moyen-Orient. La frise brodée sur le bas de la cotte est inspirée des broderies libanaises. Les points de broderies et les découpages du surcot ont été créés à partir des broderies des régions situées à la frontière entre l'inde et le Pakistan":
Inutile de vous dire que ces merveilles me donnent des idées...