Indigo #3
Nous restons en Asie, mais changeons de pays et de culture puisque nous sommes au Japon.
Le Kimono, "la chose que l'on porte", est aussi bien l'habit des nobles que celui des paysans.
Kimono de fermier (Ile de Kyushu, début du 20ème siècle). La technique employée est celle du double ikat qui consiste à teindre au préalable les fils de trame et de chaîne en réservant certaines parties afin qu'une fois tissés ils forment les motifs choisis:
La tension non régulière des fils décale leur croisement et donne un aspect flouté caractéristique aux motifs:
Kimono de fermier (région de Tohoku, début du 20ème siècle) réalisé à partir de lanières de tissus recyclés tissées sur une chaîne de coton. L'indigo étant censé protéger des insectes et des reptiles, les paysans portaient de préférence cette couleur:
Kimono de fermier (région de Tohoku, début du 20ème siècle). Le tissage de lanières de toiles de coton usagées permet d'obtenir une matière épaisse et résistante adaptée à la confection de vêtements de travail:
Détails d'un kimono de nuit (région de Tohoku, fin du 19ème siècle, Ere Meiji 1868-1912) montrant un assemblage de toiles de coton usagées, rapiécées. Dans un environnement pauvre, le moindre morceau de coton était récupéré, recyclé afin de confectionner des vêtements, des rideaux, couvertures,... pouvant servir à plusieurs générations. Ce type de textile est appelé boro:
Cape de voyageur (début du 20ème siècle) composée de 18 lès de forme trapézoïdale. La coupe est inspirée des vêtements portés par les missionnaires portugais au 16ème siècle. Une couche de papier huilé glissée entre le tissu extérieur et la doublure permet de rigidifier et d'imperméabiliser la cape:
Manteau d'homme (fin de l'ère Edo 1603-1868) porté pour voyager l'été taillé dans du kuzufu (un des plus anciens textiles du Japon fabriqué à partir d'une plante sarmenteuse appelée kuzu):
Casques de pompier constitués de plusieurs épaisseurs de toile de coton surpiquées ton sur ton ce qui donne un aspect tissé (fin du 19ème siècle). Afin d'augmenter leur résistance, ces casques, portés avec un kimono et des moufles, étaient plongés dans de l'eau avant de partir au feu:
L'intérieur était décoré de carpes, de dragons (symboles de courage) et comportaient des inscriptions protectrices:
Baluchon de voyage fait de carrés découpés dans des chutes de coton usagé et fermé par une cordelette en chanvre (vers 1950):
Sac de femme en fils de coton teints avec le fruit du kaki et l'indigo crochetés en spirale à partir du fond (vers 1950):
Housse de matelas composée de 5 lès de toile de coton tissée en double ikat (Ile de Kyushu, milieu du 20ème siècle):
Bande de housse de futon ou l'art du rapiéçage (région du Tohoku, vers 1950):
Housse de futon faite d'une superposition de couches de coton indigo, unis ou rayés (Tohoku, milieu du 20ème siècle). Le coton ne poussant pas dans le nord du Japon où le climat est très rigoureux, il était rare et donc prisé car il isolait mieux que le chanvre cultivé localement:
Longtemps méprisés car ils reflétaient la misère du monde paysan, ces "boro" sont désormais considérés comme des oeuvres d'art et recherchés par les collectionneurs:
Housse de futon ornée de fleurs de chrysanthèmes en réserve de pochoir (milieu du 20ème siècle):
Housse de matelas d'enfant en toile de coton décorée de tortues, symbole de longévité, et de grue, symbole de vie éternelle (Ile de Kyushu, début du 20ème siècle):
Tapis (province de Wakaza, début du 20ème siècle) tissé serré à partir de bandes provenant de vêtements usagés: ultime recyclage.