jeudi 18 mai 2006
Il serait grand temps
Oui, il serait grand temps d'en finir avec le récit de nos découvertes marocaines car le voyage suivant se profile à l'horizon.
Je terminerai donc par ce qui m'a le plus fascinée: la transformation des peaux qui vous transporte dans les siècles passés tant le procédé demeure inchangé.
Tout d'abord, les peaux fraîches sont amenées à l'oued qui traverse la medina de Fez où elles subissent un premier lavage. Ensuite, transportées à dos de mulets, elles sont déversées dans des bacs où l'eau courante ôtera le reste des impuretés.
Le souk des peauciers, situé dans un ancien caravensérail, les réceptionne:
Là, elles subiront un traitement à base de fientes de pigeon et seront badigeonnées de chaux afin de pouvoir les débarrasser des lambeaux de chair encore attachés. Inutile de vous parler de la pénibilité et de la dangerosité de ces gestes...Quant aux émanations putrides, je ne vous en parle même pas...
Etape suivante: le souk des tanneurs où convergent tous les touristes individuels ou en groupes organisés afin d'admirer ceci:
Une terrasse aménagée à notre intention nous permet de surplomber les bacs remplis de teintures à base de produits naturels qui attendent les peaux:
Là, elles sont foulées au pied par des hommes qui s'échinent à raison de 6 heures par jour.
Pas question de mécanisation...D'un autre côté, ce savoir-faire ancestral qui fait vivre un certain nombre de familles donne un matériau de toute beauté.
Enfin, les peaux sont mises à sècher en plein soleil avant d'être transformées en sacs, poufs, vestes, portefeuilles,...qu'il vous faudra marchander avant de les acquérir à bon prix.
Si toutes les peaux finissent de la même façon, il me faut vous préciser que les peaux "jaunes" reçoivent un traitement particulier car elles doivent leur teinte au safran qui du fait de son coût est étalé à la main:
Il m'est désormais impossible de regarder mes babouches sans avoir une pensée pour ces artisans.